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[Playlist] Slippy Skills – Multiple Mind States

Album: Multiple Mind States

Label: Runt Life Records

Genre: Hip Hop

Sortie: le 28 octobre 2021 / sortie vinyle prévue pour 2022


La charge mentale vous fait vous sentir accablé? Comme dévoré par des monstres aux dents affûtés qui vous chiquent la couenne et aussi, un peu plus de votre fameux « temps de cerveau disponible »?

Eh bien, gardez-en un bout pour l’écoute du mille feuilles rap servi par le néo-londonien Slippy Skills. Le rappeur est pris en sandwich, comme sur la pochette de l’album « Multiple Mind States », et livre sur seize pistes (et aussi seize rimes, le chargeur est surchargé… vous l’avez?) ses états d’âme, sa poésie et ses envolées lyriques.

Slippy Skills, originaire de Luton, mais bien établi à Londres, a notamment travaillé les clips de rappeurs tels que Phi Life Cypher, Planet Asia ou Jester Jacobs. Cette fois, c’est lui et lui seul qui se trouve devant la feuille de papier et qui dès le début de l’année 2021 a livré « New Year, New Me », un titre plein d’humour où Slippy Skills explique qu’il fera désormais ce qu’il veut, n’écoutant plus que lui même « Used to go rave, now I cotch on the sofa / Time to behave act like I’m supposed ta!”.

Sur l’album suit ensuite « Pissed Off », titre un peu plus énervé et qui repose sur un beat cuivré, cuivres que l’on retrouve sur « That’s song a banger », toujours en rengaine sur un beat entêtant. « That’s song a banger » est un titre plein d’énergie, en featuring avec la voix rauque à souhait de 1sun et Micall Parknsun, pas un débutant quand on parle de beatmaking Outre-Manche. Le titre n’est pas sans rappeler « 1, 2 Pass it », une prod de DJ Premier de 2001 et sur laquelle Smif n Wessun, Fat Joe, Jeru the Damaja et KRS One faisaient tonner les rimes sur des cuivres au rythme d’une caisse bien lourde. Belle filiation. On retrouve d’ailleurs tout l’esprit du boombap sur les titres « Knowledge Itself » ou « Ingredients ». Ce dernier titre fait d’ailleurs la synthèse des rythmes boombap et d’un flow accéléré, tout en apnée et actuel, où Slippy Skills égraine tout ce qui fait un bon peura, qui bounce de Londres aux bords de Loire.

« Ride or die », en featuring avec Jabbathakut (encore un DJ Beatmaker britannique aux prod aussi savoureuses que délicates) et Frank T, est un morceau tout en douceur, quand « Long Pause » et ses sonorités g-funk donne aussi le la d’un album aux tonalités résolument positives et entraînantes.

Avec « GR€A$Y », le rappeur est rejoint par Train Robbers, un duo de rappeurs, et nous parle d’argent et du rap-game. Les rappeurs nous le disent clairement: « l’argent c’est sale », pas mal quand on connaît la traduction française de Train Robbers. « Air » avec Benny Diction, au rythme soutenu, boucles de notes de piano et côté sombre a son petit effet horrorcore.

Un petit tour du côté du mélancolique avec « I Don’t Love Your Anymore » avant de retrouver groove, cuivres, passe-passe aux platines et caisse claire sur « Dreamland » qui refait synthèse de toutes les influences, tous les états d’esprit et toutes les envies musicales du rappeur.

Comme Slippy Skills a aussi bossé sur la réalisation de clips de certains de ses confrères, il nous livre aussi avec cet album quelques clips réussis. « Dan Aykroyd » en featuring avec Louis Jeffrey est un énorme clin d’oeil au monument eighties « SOS Fantômes ». « That Song’s a Banger » est plus classique quant à lui, surfant sur les codes du clip nineties, image légèrement surannée, codes vestimentaires en mode XXL et incrustations flashy pour les amateurs de Comic sans MS.

« Multiple Mind States » chatouille donc gaiement les oreilles, avec une tonalité d’ensemble plutôt joyeuse, un rap qui même lorsqu’il emprunte quelques sonorités plus sombres retrouve très vite le chemin des ondes positives. Slippy Skills laisse aussi à voir qu’il a du flow, et qu’il sait le poser sur des rythmes différents, qui oscillent de genres rap actuels à des prod plus boombap. L’album possède aussi ce petit plus qui fait la différence: on le suit du début à la fin, on embarque et on ne quitte jamais l’aventure des « multiple mind states », accrochés que nous sommes aux sons qui s’enchaînent. Pas de creux de la vague donc dans cet album de rap britannique qui ravira tous les amoureux de hip hop.