Radio Campus Tours – 99.5 FM

Actualités sociales, culturelles et universitaires locales, découvertes musicales, documentaires sonores et ateliers radio.

Cette semaine on aime [26.07.2021]

Dami – Dandan Batera

Titre issu de l’album « Um som »

sorti en mars 2021 et distribué en France par Tratore


Dami fait partie de ces innombrables Brésiliens virtuoses de la 6 cordes. Originaire de l’état de Minas Gerais comme Milton Nascimento, Dami s’inscrit clairement dans l’héritage de celui-ci dans ce style rassemblant mpb (musicas popular brasileira), jazz, funk et chansonnette -un peu fleur bleue c’est vrai- que nos oreilles de petits bourgeois occidentaux shootés à l’underground pourraient catégoriser comme étant de la variétoche. Or, à y écouter de plus près, on se rend compte de l’ampleur de l’univers, de la créativité de l’auteur et de la trop rare existence de ce type d’approche.

Le titre « Dandan Battera » au groove jazzfunk, issu du 2e album de Dami  »Um Som » permet donc de découvrir cette approche aérienne au goût de tropicool aux délices de batidas.

Saintard – Police Amour

titre issu de l’album « Apparatchik »

sorti le 11 juin chez Saintardise


L’exercice de chanter le funk en français n’est pas toujours simple. Une fois passé l’érotomanie plus ou moins expressive puis la perte de l’être et de l’avoir, on pense difficile de dire autre chose s’appuyant sur un boom-tchak étouffé. Le producteur multi-instrumentiste Saintard ne se pose pas ces questions-là: moins de deux ans après son premier EP, il se dévoile en crooner funk nonchalant à la voix onctueuse. Dans l’album  »Apparatchik » sorti en juin 2021 sa nu-funk franco-française s’impose tout en questionnant ce concept de vivre ensemble bien difficile à rendre opératoire malgré toutes ces bonnes volontés affichées.

Le titre « Police Amour », sous un groove irrésistible, fait référence au climat de violences policières, questionne le libre arbitre et une forme de logique mécanique du maintien d’un ordre utopique.

Marc Ribot’s Ceramic Dog – Nickelodeon

Titre issu de l’album « Hope »

Sorti le 25 juin 2021 chez Yellowbird Records


Guitariste new-yorkais affranchi des conventions et des styles, Marc Ribot connait une carrière dense qui l’a mené du freefunk à la Prime Time, au freeklezmer avec John Zorn, à l’actualisation du répertoire du guitariste haïtien Frantz Casseus (qui fut aussi son prof), une version vigoureuse des musiques latines avec Los cubanos Postizos en reprenant le répertoire d’Arsenio Rodriguez ou la musique expérimentale avec son alter ego new-yorkais le guitariste Bill Frissell.

Ici, il s’entoure une nouvelle fois du bassiste Shahzad Ismaily et du batteur Ches Smith pour la formule Ceramic Dog pour un 2e album qu’il aurait voulu initialement nommer “Better Luck Next Time” mais qui s’appelle au final  »Hope ». Apparemment il fallu choisir entre cynisme et causticité.

Son style délié explorant les gammes mineures se reconnaît dans ce morceau au tempo ralenti pour cause de suspension reggae. Le titre  »Nickelodeon » -un peu à part dans l’album- permet surtout d’entrevoir l’univers tortueusement créatif de ce grand musicien déjà passé plusieurs fois par Tours.

Une perpétuelle pente glissante qui mène à des milliards de possibilités.

NSDOS – Automation de l’amour

titre issu de l’album « Micro Club »

sorti le 23 juin 2021 chez Upton Park


Parce que l’été n’est pas que chemises trempées aux sueurs tropicales et groovesques des soirées qui sentent vinotinto et grillades, et parce qu’il n’y a pas de saison pour des sonorités brutales, l’album « Micro Club » de Kirikoo Dees, alias NSDOS, nous offre de quoi cluber.

Danseur, touche-à-tout musical (il enregistre les sons de la nature, notamment en Alaska en 2018 pour l’album « Intuition, Vol.2 ») et passionné de bidouille informatique, la techno de NSDOS pour cette livrée estivale 2021 est motivée par l’envie de proposer des rythmes pour celles et ceux qui dansent chez eux et font trembler les murs du voisinage et du syndic. A défaut de pouvoir sortir librement dans les clubs, NSDOS s’est donc penché sur son intérieur, intime mais aussi… chez lui, en enregistrant dans les différentes pièces de sa maison un album de huit titres, bruts, lo-fi parfois, techno toujours.

On aime « Automation de l’amour », où la lourdeur des basses n’empêche pas quelques sonorités plus fines et analogiques de nourrir notre imaginaire, comme il nourrit celui de cet artiste autodidacte passé par la danse et qui en 2017 exposait au Palais de Tokyo à Paris.

Max I Million – Deep

Titre issu de l’album « Uncut Gems »

Sorti le 26 février 2021 chez Coalmine Records


Dans la jungle des internets où pullulent les productions rap de qualité douteuse ou d’un ennui mortel traquer les beats qui chatouillent les oreilles est une quête digne d’un « Ocarina of Time ».
Depuis une dizaine d’années, les mordus de rap de Radio Juicy (Heidelberg, All.) partagent les prods de beatmakers aussi affûtés que jazzy, lo-fi et boom-bap. En 2020, Max I Million avait fait une apparition dans les tracklists de leurs playlists.

Au printemps 2021, le beatmaker suédois régale avec « Cut Gems ». Un album de 12 titres, sans paroles, sans rap donc, mais avec passe-passe, scratch et surtout des beats souples, jazzy, moelleux à souhait et parfois teintés de sonorités électriques envoutantes comme sur le titre « Deep ».

Les amoureux de jazz iront se lover dans les boucles de « The Cat » ou « Jazzitorium », on secouera la tête et son corps sur « Let Em Know ». De manière générale, sur ce 4e album de Max I Million, on imaginera tous les raps possibles sur ces boucles qui seront de parfaites compagnonnes pour vos moments de fainéantisme assumé cet été. Un album aussi boom-bap que futuriste, en pleine navigation dans un espace-temps où le sillon du vinyle vous prendra par la main.