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[Playlist] Numa – Inferno Verde

Artiste : Numa

Album : Inferno Verde

Label : autoproduction

Genre : Electro / Raptronic

Bandcamp


Numa est plurielle : DJ, illustratrice, danseuse et plasticienne. Elle vient de sortir son premier album  »Inferno Verde ». Elle s’entoure de l’écrivain indigène Ailton Krenak, de la MC Dina Di et de la versatile Donna Bagos, pour déclamer ses points de tension. La beatmakeuse brésilienne, originaire de Curitiba, sample les musiques brésiliennes (forro, candomble, MPB) pour produire cette combinaison singulière de hip-hop et de musique électronique qu’elle nomme raptronic.



On découvre un univers parfois enfantin et ingénu, d’autres fois sauvage et rude, rythmé par une sorte de drum’n’bass tropicale. Dans “Inferno Verde” NUMA traite des questions mal digérées par la société brésilienne : celles des inégalités sociales, de l’omniprésence des injonctions morales, de l’état de la forêt amazonienne.


Sa pensée pourrait faire penser au mouvement woke états-uniens, sauf qu’on y décèle une nuance. En effet, et c’est là que c’est intéressant, le titre de l’album Inferno Verde (l’enfer vert) est une référence explicite au livre de Alberto Rangel (1908). Ce roman se place dans la littérature brésilienne comme le furent ceux de Jack London chez les nord-américains. A savoir ces romans d’aventures où l’homme, dit moderne, affronte une nature sauvage et puissante.

Chez Alberto Rangel, on vit la désillusion du mythe de l’Eldorado amazonien. Pas de gentils sauvages purs et bons, pas de richesses pharamineuses, pas de nature totale et immanente en connexion avec les occupants. Juste des hommes dans leurs contradictions et leurs cultures. Dans ces onze nouvelles de l’enfer, point d’idéalisation ni des indigènes, ni des pionniers. C’est une description crue des conditions de vie et des caractères universels des êtres humains. Loin de la géographie coloniale de l’époque et loin des bons sentiments dont nous sommes envahis aujourd’hui.


L’aspect cru, voire brutal de la vie ; l’hostilité du monde et la nécessaire intelligence adaptative restent les points communs entre ces deux oeuvres séparées de plus de 100 ans.