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[Playlist] Luis Carlos Vinhas – O Som Psicodelico do LCV

Artiste : Luis Carlos Vinhas

Album : O Som Psicodelico do LCV

Label : Mad About Records

Genre : Samba-Jazz

Bandcamp


La maison d’édition lisboète Mad About Records s’est fait la spécialité de rééditions d’albums classiques de l’audiorama brésilien, ceux qui ont marqué leur époque, et aujourd’hui objet d’une spéculation démente des collectionneurs de vynils. C’est ainsi que se retrouve réédité l’album le plus excentrique de Luis Carlos Vinhas.

En 1968 le pianiste de bossa-nova / samba-jazz sort  »O Som Psicodelico do LCV ». Ce disque ne fut pas un grand succès contemporain, mais il signa un passage tant pour l’artiste que pour le style. Rappelons nous que le couple samba-jazz / bossa-nova était valorisé comme vitrine de l’intelligentsia brésilienne et source de socialités de la bourgeoisie blanche ; en miroir du samba musique des noirs déclassés socialement.

 »O Som Psicodelico do LCV » se révéla avant tout comme le disque d’un affranchissement. Luis Carlos Vinhas vient de passer deux ans au Etats Unis à jouer du samba-jazz avec Bossa Tres à travers tous le pays ; il a pu observer et s’imprégner des sub-cultures émergeantes ; et décide alors de tourner la page du consensuel.

Alors que nous dit cet album ? D’abord une pochette, commune et banale aujourd’hui, mais diablement séditieuse, voire d’avant garde pour l’époque. 1968, au Brésil, on est en pleines années de plombs (régime militaire autoritaire), l’ambiance n’est pas à la potacherie et encore moins aux allusions psychotropiques, on est plutôt dans la tenue correcte exigée ; à l’ordre et à la morale. Ici cette pochette ostensiblement délurée, espiègle, en phase avec le mouvement hippie des cousins états-uniens dénote avec l’asepsie générale et le coté bcbg caractéristique du public des précédents groupes de Vinhas.

Dans cet album, il n’y a aucune tromperie, c’est clairement du sambajazz foufou, des effets sonores hypnotiques, des harmonies insolentes, des fonds sonores audacieux en 1968, des références lysergiques (notez le LCV…), les solos et les thèmes ne se veulent ni introspectifs, ni langoureux, ni révérencieux avec l’original. Au contraire on est dans la déconstruction, dans la myorelaxation et dans le laché prise.

Par exemple, le titre Chatanooga Choo Choo, standard du midwest américain, à la base polyphonie pour quakers aux sonorités country, est ici repris à la façon d’un cocktail qui s’étale et qui finira sans doute en concours de slip mouillé.