[Playlist] Ebi Soda – Ugh
Vous vous souvenez des années 90 ? Moi j’y étais. Nous sortions des 80’s, nous nous affranchissions du fluo, du son midi, de la coupe mulet et du bloc communiste. Francis Fukuyama nous disait ”ayé, fin de l’histoire, on ferme la boutique”, Michael Jordan était le maître de l’univers, Flavor Flave scandait ”Yo Bum Rush The Show”, les garçons commençaient à porter des couleurs de filles et les filles à parler comme des garçons.
A cette même période, du côté outre manche nous avions pu voir une sorte d’étoile filante que les historiens du Top 50 appellent désormais Acid Jazz. Mouvement inscrit en Angleterre qui a duré 10 ans, s’est conclu sur le phénomène Jamiroquai (emporté par les spritz et les pots d’échappements) et s’est fait dévorer vivant par le phénomène clubing.
Bien, je ne suis pas là pour parler du bon temps où, jeune veau, je me mettais à goûter autre chose que du lait, mais ça fait bien zizir de constater le retour de cette fraîcheur qui combinait jazzfunk, esprit délié des clubs et forme d’insouciance. Comme le dit mon maître nageur, qui est aussi maître queue, ”ce n’est pas qu’avec les vieilles peaux qu’on fait les meilleurs plats, mais quand même ça aide. Hé toi là bas, arrête ça !” Ce sage tout en nuance, aux trop rares paroles et à l’oeil vivifié par le chlore, m’inspire aujourd’hui pour venir désigner la ferveur, que dis-je, l’indécente scène jazz londonienne qui continue à surprendre, avec en corollaire l’actualisation de cet acid-jazz qui nous a fait danser à travers ses nombreuses notes et ses syncopes, de juin 1990 à mars 1998 environ.
En l’état c’est le quintet de Brighton, Ebi Soda qui avec la sortie d’un 10 titres : ”Ugh”, nous renvoie 25 ans en arrière. Spécialistes du format mixtape, des enregistrements et des concerts sauvages, ce premier album abouti arrive à point dans la trajectoire du groupe. On y découvre tout un panel d’ambiances, d’expériences sans filtres. L’héritage acid jazz est clairement assumé avec l’intégration de motifs rythmiques nerveux et d’explorations dub. Explosif et fluide, planant et dansant, l’album fut enregistré à cheval entre 2019 et 2020 avec quelques invités au chant et au souffle. Ebi Soda est membre de la famille Ixchel, ce collectif polymorphe qui met à disposition l’album en téléchargement libre.