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[Playlist] Erick Cosaque – Chinal Ka 1973-1995

Artiste : Erick Cosaque
Album : Chinal Ka
Label : Heavenly Sweetness
Genre : Gwo Ka


Bandcamp


C’est en Guadeloupe que naquit le gwo-ka, un style musical rude, rythmé par un gros tambour, un tonneau de salaison -le gros quart- laissé aux esclaves déportés aux Antilles françaises pour en faire des tambours avec des peaux de cabris.

Ce style vint paraphraser les faits historiques de violences inaugurale et inexpiable que furent le travail forcé, la tyrannie, la transformation des codes et statuts personnels au service de la ségrégation. Une  »prédation économique et sociale, dans des espaces révélés par les grandes découvertes du XVIe siècle, devenue industrielle au XVIIIe » [P Brioist].


C’est cette violence sur les corps et les âmes que développe la compilation  »Chinal Ka 1973-1995 » avec pour héraut le percussionniste guadeloupéen Erick Cosaque. La compilation retrace la chronologie de sa carrière.


Mais attention, ici point de morosité ni de velléités de vengeance, plutôt une soif de vie et une pétition d’ingéniosité taquine, sous l’oracle du souvenir. Comme point de départ, un titre de 1973  »Guadeloupe, île de mes amours » poème en créole aux airs de spoken word ; comme titre de clôture  »wolémin oupwi » aux sonorités synthétiques typique du zouk des années 90’s. Entre les deux, 22 ans d’une carrière vouée à cet héritage musical africain, avec ses différents groupes X7 Nouvelle Dimension, Voltages 8, Cadences Gilles. Toujours en phase avec les époques traversées, intégrant habilement et sans retenue le jazz, le spoken-word, le funk, le cadence ou le zouk entre les lignes de son gwo ka.


Via les rythmes et les chants, nous est conté la sagacité des antillais, la perpétuation des rites traditionnels et spirituels, des chroniques de colonisateur roulé et de colonisé faussement soumis.


Erick Cosaque fut révélé par l’immense Guy Conquête qui parti lui, vers des styles plus dansant et consensuels que sont les orchestres de cadence. En restant attaché au style Gwo Ka avec cet aspect radical, rustique, clairement politique et lié à l’identité créole, Erick Cosaque choisit la bordure préférant porter la voix des classes sociales les plus pauvres.


Curieuse et terrible histoire que celle des Antilles françaises. Curieuse car parsemée de contingences, de hasards, de circonstances historiques, économiques et politiques. Terrible car irrémédiablement liée au comptoirs, à l’esclavagisme, à la ségrégation ; et qu’encore aujourd’hui, les Antilles françaises restent en marge de la métropole. Une marge pas seulement géographique mais aussi sociale.