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[Playlist] Camarão – The Imaginary Soundtrack to a Brazilian Western Movie

Artiste : Camarão
Album : The Imaginary Soundtrack to a Brazilian Western Movie 1964-1974

Label : Analog Africa
Genre : Brésil – Forro

Sourires édentés, sourcils plissés, poussières encombrant les bronches, cou cloqué par le soleil, balles de coton soulevées par le vent. Il ne s’agit pas là de l’affiche d’un film de Glauber Rocha (cf sa trilogie de la Terre) quoique des scènes imaginées par Ennio Moricone, mais surtout l’illustration tout aussi âpre d’une ruralité crue, de cette savane du Far East brésilien : le sertão (la cambrousse) dans la région du Nordeste.

Cette esquisse constitue le décor de la compilation sortie par le label Analog Africa ‘’The Imaginary Soundtrack to a Brazilian Western Movie 1964 – 1974’’. Littéralement la bande-son imaginaire d’un film brésilien d’homme à vaches.

Ici c’est le forrò qui est mis en avant. Popularisé par le virtuose rigolard Luiz Gonzaga et son tricorne, le forro, aussi nommé musique sertaneja, reste encore très présent dans le panorama sonore brésilien. Un format simple : accordéon 8 baixos, triangle pour la cadence et zazumba (percussion plate à la sonorité basse) ; des paroles décrivant le quotidien des résidents de cet habitat rural, une danse en duo.

C’est précisément ce que nous fait (re)découvrir cette compilation de titres de Camarão (la crevette, l’accordéoniste chanteur étant de physionomie plutôt menue), immense vedette des 70’s, époque où ni l’électricité, ni la crème solaire, ni le fluo n’avait pénétré la région.

Imagerie populaire des cangaços (les bandits) dont le plus fameux Virgulino Lampião (mi robin des bois, mi jesse james) dans Xaxando Com Garibaldi, grivoiseries et autres jeux de mots salaces dans Vocé Passa, Eu Acho Graça ou recette de haricots dans A Casa De Anita, nécessité des mobilités et recherche de l’altérité dans Camarão No Oriente, réalité du labeur de la terre dans A Cigana Ihe Enganou et Fim De Festa… Autant de titres alternant tempo relativement rapide pour les instants entraînants et gais, et tempo lent lorsqu’il s’agit de rapprocher les corps et d’y donner un sens séminal. Un catalyseur de sociabilités dans ce milieu en apparence fruste.